Himeros courait depuis un petit moment déjà...
Il grelottait et claquait des dents, divers liquides s'écoulant sur sa peau. A la fois l'eau du lac qu'il avait du traverser à la nage pour fuir le cercle et sa propre transpirations, causée par la peur, l'excitation ou les efforts qu'il fournissait pour s'éloigner du mieux qu'il pouvait des templiers et du cercle. Le vent le frappait de plein fouet, plus froid encore puisque le garçon était trempé.
Mais cela ne le gênait pas, c'était à peine s'il ressentait le choc que produisait chacun de ses pas sur le sol, il se sentait léger, comme dans un état second. Tout autour de lui était si beau, si nouveau! Il avait déjà vu l’extérieur du cercle mais uniquement de loin, là il était vraiment en contact avec ce nouvel environnement et cela le rendait à la fois anxieux et rêveur.

Il finit par atteindre une maisonnée qui semblait plutôt accueillante, cela pourrait lui servir de refuge le temps de reprendre quelques forces pour continuer sa course. Sa robe de mage lui collait au corps et cela était particulièrement gênant pour courir, il pourrait enfin la faire sécher. Les gens en dehors de la tour s'habillaient-ils aussi avec des robes ou portaient-ils des tenues comme les Templiers? Himeros pensa qu'ils se promenaient peut-être nus tout simplement, les habits étaient tellement peu pratiques pour se mouvoir. Si cela se trouvait, il n'y avait pas de vie humaine en dehors du cercle, et juste des démons, ç'aurait été la raison pour laquelle on l'aurait placé dans la tour du Cercle, pour le protéger lui et les autres mages... Non, c'était idiot, pourquoi n'aurait-on pas aussi emmené ses parents. Il n'y avait pas lieu à réfléchir de toute manière, il était arrivé et des voix à l'intérieur rejetait son hypothèse d'un monde vide de vie.
Il poussa la porte d'une main tremblante tout en se servant de l'autre pour remettre en place une mèche de cheveux détrempée...

Tout d'abord, Himeros prit le temps d'admirer le décor de l'endroit, des tables en bois simple avec des tabourets du même matériau éparpillés un peu partout, parfois se trouvant sous des postérieur confortablement installés. Une cheminée faisait bruler des objets sombres et informes, éclairant la maison d'une joyeuse lueur flamboyante. Au fond de la salle était placé une sorte de barrière de bois et derrière celle-ci se trouvait le centre d'attention de la plupart des habitants du lieux, ceux-ci hurlaient des mots étranges qu'Himeros pensait avoir déjà entendu bien qu'il eût tenté d'éviter les contact avec les habitants du cercle. Il y avait "bière" qui revenait souvent et à chaque fois que ce mot était prononcé une personne offrait un gros verre remplit d'un liquide jaunâtre et mousseux à celui qui l'avait prononcé. Pour remercier ce geste d'attention, celui qui avait dit "bière" donnait des pièces semblables à celles que le garçon avait volé aux Templiers.

Le jeune homme s'avança et referma la porte, il avait des étoiles plein les yeux et les questions se bousculaient dans sa tête, il ne faisait plus attention aux gouttes qui tombaient de son vêtement qui était devenu une seconde peau sur son corps. Une odeur forte flottait dans l'air, une odeur à la fois écœurante, bien trop présente, envahissante en somme, et apaisante comme si par sa puanteur elle promettait une excellente cachette. Une gouttelette malicieuse roula le long du front d'Himeros et se logea dans son œil gauche, le ramenant immédiatement à la réalité, il poussa un cri de stupeur et plaqua sa main droite contre l'origine de ce réflexe.

Le bruit aurait pu passer inaperçu, tout comme le garçon, mais un vieillard qui semblait parler tout seul depuis tout à l'heure releva la tête et observa le jeune mage de haut en bas, marmonna des mots inintelligibles puis se mit à rire, il tapota l'épaule de son voisin pointa le nouveau venu du doigt en riant. L'autre regarda Himeros avec l’œil de celui qui se pose les questions les plus existentielles du monde telles que "Si je bois dans mon verre, pourquoi faut-il forcément qu'il se vide?" puis ces mêmes outils oculaires s'élargirent jusqu'à presque sortir de leurs orbites.
Himeros aurait rit si sur le coup il n'avait pas reconnu l'un des Templiers du cercle. Ce petit vieux était donc avec eux? Pourquoi avait-il indiqué sa présence? Serait-ce aussi des Templiers? Non, le garçon préparait son évasion depuis trop longtemps pour qu'il n'ait pas remarqué ces gens...

Sa réflexion ne put pas être prolongée dans le temps car le Templier en question se redressa tant bien que mal, le visage rougi par un mal inconnu du jeune homme mais qui était bien évidemment conséquence de l'alcool. Le garçon recula d'un pas mal assuré, son plan allait s'arrêter ici? Pas question! Il s'était donné trop de mal pour ça!
"Les gars! Y a un mage qui...qui s'est encore...barré du cercle! Faut lui donner une leçon...pour qu'ils arrêtent de tous vouloir..s'enfuir!" balbutia le Templier en contemplant sa main gauche comme s'il s'était adressé à elle.
D'autres protagonistes se retournèrent vers Himeros et ce dernier reconnut quelques Templiers qui semblaient aussi mal en point que le premier.
Ils se levèrent en titubant et avancèrent à pas pesants vers le garçon avec un sourire stupide accrochés à leur visage. Chacun était armé. Le mage n'aurait pas eu beaucoup de mal à les mettre hors d'état de nuire si un autre ne s'était pas levé plus en forme que les autres, ce n'était pas un Templier.
"Je vais vous aider à attraper ce fils de prostituée! Les mages doivent rester enfermés dans leur prison!" cria-t-il en attrapant une épée à coté de lui.
Le garçon commença à avoir peur, pourquoi lui en voulait-on? Il ne voulait pas faire de mal aux personnes qui l'entouraient, elle n'avait rien à voir avec ce conflit, enfin c'est ce que le mage espérait.

Comprenant qu'il n'y avait pas d'autre alternative, il se retourna et courut vers la porte qui s'ouvrit d'elle-même sur un monstre immense fait entièrement de métal, redressant les yeux Himeros vit qu'il s'agissait en fait d'une armure avec à l'intérieur un homme paré de quelques cicatrices sur le visage, doté de cheveux bleus comme il n'en avait jamais vu... A moins que...il était difficile à dire si ces cheveux étaient bleus ou noirs. Le regard du garçon croisa celui de l'homme et fronça les sourcils... Il savait qu'il pouvait tenter de se servir de lui pour se protéger des Templiers à l'aide d'une illusion mais il ne savait pas bien les contrôler et ne saurait donc pas quelle serait la réaction de ce nouvel arrivant, il secoua la tête et continua sa course, passa sous le bras de celui-ci en le bousculant légèrement, et se jeta dans des buissons proches en espérant que ses poursuivants ne l'ait pas remarqué et irait dans une mauvaise direction, il observa la maison en retenant son souffle... Trop peu de chance de s'en sortir pour lui. L'homme en armure l'avait vu se cacher, il leur dirait où il se trouvait, Himeros en était sûr et pourtant il espérait silencieusement. Il ne remarquait même pas que sous tout ce stress si nouveau, l'une de ses mains tiraient nerveusement sa robe et la déchirait légèrement au niveau du genou gauche.

Combien de temps depuis ma dernière bière ? Raaah, pas longtemps sans doute mais je n'arrivais plus à m'en souvenir : Lothering ? Zurmanick ? Argastril ? Pas ou peu de souvenirs précis mais il ne serait pas étonnant que je me sois encore retrouvé impliqué dans une bagarre vu la douleur dégagée par mâchoire et mon crâne en feu... Je ne changerais jamais moi : je m’enflammais toujours pour un rien dés que j'avais un tant soit peu d'alcool dans le sang ! Secouant la tête et provoquant ainsi un élancement sous ma voûte crânienne, jurant une nouvelle fois de ne plus toucher à l'alcool je ricanai devant la stupidité de mes propos : en voilà bien une que je n'avais jamais tenue, de promesse. Ce souvenir plus ou moins joyeux fut un instant obscurcit par de la douleur, celle de mon crâne d'une part et celle de la promesse faite à une personne de l'autre. Les cris, les flammes et la mort s'imposa à mon esprit comme l'image persistante d'une bougie quand vous la fixiez trop longtemps des yeux. Le massacre avait été terrible mais la guerre civile de Logan avait été d'une rare violence et on voyait encore partout ses résultats : si jamais les engeances ne nous auraient pas unis d'une certaine manière, l'ancien régent l'aurait fait lui même de toute façon. La preuve de la folie des hommes s'étala encore derrière ses paupières pourtant closes : un groupe de rebelles avaient combattu les forces du roi dans un petit village, les dégâts infligés au village avait été incommensurables et le sang de nombreuses victimes innocentes avait abreuvé la terre noircie par les flammes. Se frappant carrément le front du plat de sa main gantée, je dissipai le souvenir si terrible : le passé est le passé et les morts ne vont pas revenir à la vie sauf exception très désagréable. Soupirant sous un nouvel assaut de la douleur causée par un abus d’alcool, je constatai que le paysage changeait un peu : de la route mal entretenue et pleine de trous digne d'un coin paumé de la campagne Féréldienne... Sauf qu'on était dans une foutue campagne et sans doute dans je ne sais quel coin paumé envahi de moustiques, monstres puants et désertées par la moindre fille potable ! Pestant contre le sort qui semblait bien s'amuser à m'envoyer dans des coins désagréables ou dans des situations désastreuses, je grognai de plus belle en avisant un panneau : Lac Calenhad.

- Super, me voilà à présent en direction du coin le plus chiant du monde entier...

Faisant avancer mon cheval d'un coup de talon, je bougonna un instant avant que mon humeur ne s'assombrissent encore plus à la vue de la tour des mages : le haut édifice semblait bien sinistre même à cette distance. Même si il ne devait s'agir que du murmure du vent qui venait de se lever pour rafraîchir mon corps engoncé dans sa lourde armure, j'eu la désagréable impression d'entendre une longue plainte qui venait du lac. Piaffant d'impatience, ma monture : un cheval gris bien revêche qui tentait souvent de me mordre, je modérai un peu son allure : si une patrouille de templiers me voyait arriver à bride abattue ou même à une allure excessive... Ils ne se feraient pas prier pour m'emmerder ! Alors que l'idée de rebrousser chemin germait dans mon esprit, je remarquai le silence anormalement dérangée par des bruits presque festifs. M'approchant plus avant mué par la curiosité, je distinguai entre autres bruits attirant, l'odeur de la bière... Une taverne ! Jetant une fois de plus ma promesse aux démons, j'accélérai le pas de mon cheval pour le faire passer au petit trot : la bête renâcla mais je lui replaçai un coup de talon bien placé pour la faire taire. L'idée d'une bonne bière dorée et d'une serveuse un brin mignonne anima mon esprit alors que je descendait souplement de selle malgré l'armure dont j'étais vêtu. Brossant du plat de la main la poussière qui s'était installée en cours de route sur mon armure et dans mes cheveux sombres, j’avançai enfin vers mon havre de paix et de débauche. A peine ma main s'était-elle posée sur la petite poignée de porte rouillée que cette dernière s'ouvrit : un service éclair ! Mais rien de tout cela pauvre de moi : un jeune garçon encore frais du lait de sa mère franchit le seuil d'un air terrifié et passa sous mon bras tendu en se baissant... Il semblait poursuivit par plusieurs hommes dont quelques templiers... Mauvais tout ça. Peignant un air choqué sur mon visage, je m'écartais de la porte, tournais les talons et m'élançais sur la route devant moi. Après quelques pas lourds et rageurs, j'agitai mon arme dans la direction du sentier en hurlant des imprécations. Un homme casqué vint me voir et s’enquérit de mon état avant de demander par où était partit le jeune évadé: je lui désigna le sentier et l'homme en armure de l'ordre me salua poliment. Attendant que la dernière silhouette se soit élancée avec force bruits d'armures et que l'aubergiste soit repartit servir ses clients, je me tournais à demi vers un buisson pour dire :

-Sort moi de là et vite, ils ne vont pas tarder à revenir : mieux vaut ne pas être là quand ils reviendront... Tu n'es pas d'accord, mage ?

Il ne fallait pas être devin pour comprendre que l’homme qui se planquait dans le fourré était soit un mage évadé ou un apostat en transfert pour son exécution. La vrai question était : le mage était-il dangereux ? Accepterait-il de sortir de sa cachette ou bien me brûlerait-il vif ? Après une courte présentation, je lui tendis des vêtements plus discrets et une capuche... Espérons qu'elle suffise en cas de patrouille :


- On va s'éloigner de ce coin, les templiers sont déjà sur le retour et je ne veux pas qu'ils nous cueillent à la taverne ou ici, viens, suis moi on va monter à cheval.

Lui montrant l'exemple et l'aidant à grimper en selle, je me rendis compte à quel point il avait l'air hagard et la façon dont il regardait autour de lui comme si il découvrait le monde pour la première fois... Était-il autiste ? Sans doute pas mais bon sang enlève moi ce regard ahuri de tout visage ! Galoper en pleine nuit et sur une route aussi traître n’étant pas une sinécure, je partis vite à la recherche d'un abris dans un petit sous-bois. Un e fois un coin convenable découvert, je fis du feu, chaufer de l'eau pour un peu de thé et me présentai au jeune homme toujours un peu surpris et sur la défensive :

- Je suis Isaac Frostblade, garde des ombres... Qui es tu ? Mage ou apostat ? Enfin bon je m'en moque pas mal ! Sers toi, j'ai assez de nourriture pour deux !

Espérant mettre le jeune homme à l'aise, je faisais de mon mieux pour paraître amical en espérant que ça suffise.

Caché dans son buisson, en semi-hypothermie, Himeros observait l'inconnu qui gesticulait et s'époumonait après un ennemi invisible, puis il se mit à parler avec l'un des Templiers pour finir par lui indiquer la direction opposée à celle qu'avait empruntée le garçon. Que faisait-il donc? Les poursuivants se mirent alors à courir vers la direction indiquée, au grand soulagement du jeune homme.
Des bruits métalliques se firent alors entendre, se rapprochant de sa cachette pour finir par se transformer en une voix:
"Sors-moi de là et vite, ils ne vont pas tarder à revenir : mieux vaut ne pas être là quand ils reviendront... Tu n'es pas d'accord, mage ?"
Sortant sa tête de son refuge naturel, le mage détailla le visage de son sauveur qui le regardait l'air intrigué. Pourquoi l'avait-il aidé? Il y avait donc des personnes aidant les mages ici? Mais comment faisait-on pour les reconnaitre?

Le garçon sortit donc des fourrés et fut encore plus surpris lorsque l'homme lui tendit des vêtements neufs et secs, trop ravi pour poser des questions, il les attrapa, se déshabilla prestement sans aucune gêne et enfila les légères protections de tissus aussi vertes que des feuilles lors de la tombée du soir, laissant par la même occasion sa robe par terre.

"On va s'éloigner de ce coin, les templiers sont déjà sur le retour et je ne veux pas qu'ils nous cueillent à la taverne ou ici, viens, suis moi on va monter à cheval." dit l'homme en armure avant d'enfourcher une créature quadrupède qu'Himéros reconnut, il en avait déjà vu et cela le rassura un peu de retrouver un semblant de familiarité dans cet environnement si inhabituel. Il regarda malgré tout la chose avec des yeux ronds puisqu'il n'avait jamais pris un cheval pour monture mais il attrapa la main que lui tendait le cavalier et escalada cet obstacle du mieux qu'il pût et avec autant de dignité qu'il pouvait encore conserver.

La sensation qui suivit fut grisante, l'animal courait à toute allure dans les ténèbres, fendant le vent aussi bien qu'une flèche l'aurait fait, comme s'il savait quel était sa destination, Himeros en était sûr cet bête savait où elle devait se rendre, loin de tous ces Templiers! Il serrait aussi fort qu'il le pouvait l'homme à l'avant afin de ne pas tomber car malgré les joies de la vitesse, le mouvement pouvait parfois être brusque et tomber devenait très facile.

Finalement la petite équipe arriva dans un sous-bois un peu sombre, et Himeros s'y sentit aussitôt en sécurité. Il murmura des remerciements à l'animal et ne remarqua pas que celui-ci avait tenté de le mordre. Le mystérieux cavalier en avait profité pour allumer un feu, faire une installation par dessus pour faire chauffer de l'eau et y jeta des herbes dont Himeros ignorait la nature de certaines. Le jeune mage observa l'homme sans bouger, fallait-il avoir confiance? Bien sûr il n'avait aucune raison de craindre quoi que ce soit mais c'était plus fort que lui, après tout ce qu'il venait de vivre...
L'homme décida alors enfin de se présenter:
"Je suis Isaac Frostblade, garde des ombres... Qui es tu ? Mage ou apostat ? Enfin bon je m'en moque pas mal ! Sers toi, j'ai assez de nourriture pour deux !"
Le dénommé Isaac avait un sourire sincère, Himeros le voyait, il s'installa à coté de lui et prit la nourriture qu'il lui tendait.

Après une courte hésitation et quelques bouchées, le mage ouvrit la bouche:
"Je m'appelle Himeros... Himeros Karuza, je suis un mage et...un apostat je suppose puisque...."

Le garçon marqua un temps d’arrêt, se releva et jaugea son interlocuteur.
Lui dire la vérité....était-ce une bonne idée? Bon il l'avait sauvé des Templiers...mais c'était le cheval qui les avait emmené ici et pas lui. Bon après tout il n'avait rien à perdre, ce n'était pas un Templier.

"...je me suis enfui du cercle, j'ai réussi à créer une explosion qui a détourné l'attention des Templiers et me voila. Je dois te remercier pour m'avoir aidé... Je..ça aurait été trop dur d'avoir attendu toutes ces années pour rater ma fuite. En fait depuis que je me suis retrouvé dans cette tour, il y a trop longtemps pour que je m'en rappelle, je prépare mon évasion. Aujourd'hui c'est chose faite."

Himeros ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire malicieux et son visage se détendit. Le crépitement des flammes comblait le nouveau silence qui s'était installé. Et le regard du mage se perdit dans les la contemplation des flammes dansantes.

"Je te suis redevable, tu m'as sauvé alors je dois te rendre cette chance. Je ne sais pas quand j'arriverai à le faire mais je t'en fais la promesse." conclut-il dans un état rêveur.

Sa bouche resta entrouvert suite à cette tirade, on aurait presque cru qu'il s'était endormi les yeux ouverts, s'attendant même à ce qu'il se mette à ronfler.

La fuite des alentours de la tour avait été plus aisée que je le pensais mais cela devait être à cause de ma petite diversion qui avait envoyer les templiers se disperser un peu partout dans la zone et il était certain que ces hommes fanatisés mettraient longtemps avant de s'avouer vaincu : trop fier et sûr d'eux mêmes, les paladins de l'ordre refuseraient tout simplement de revenir les mains vides. Mettre ce temps à profit nous étant vital pour ne pas nous retrouver coincés entre deux groupes d'homme en armure, j'avais chevauché à bride abattue dans une zone à la fois trop proche de la tour pour qu'on puisse la suspecter (l'édifice restant quand même en vue) et trop ''dangereuse'' pour être facilement utilisable pour un mage en fuite... Et en robe ! La pensée me fit sourire car, après tout, pourquoi ces mages et surtout ces hommes acceptaient-ils sans broncher de porter un vêtement si féminin ? Pour ma par, il aurait fallut me droguer ou m’assommer pour parvenir à me faire enfiler cette horreur toute trempée qui traînait au milieux des mulots et des insectes. Souriant ironiquement, je me rappelai à l'instant que de toute façon les magicien sont des gens hors de ce monde et que je ne comprendrais jamais : avide de pouvoir, ces êtres pouvaient aller jusqu'à vendre leur âmes ou faire des sacrifices humains pour se retrouver au final doublés par un démon plus malin qu'eux. Mais heureusement pour me petit passager en cavale, je ne suis pas du genre à hurler de les planter sur un pieux ou de les jeter dans un bûcher ardent : ils ont le droit de vivre comme tout le monde et d’enfreindre les règles tant est qu'ils soient conscient que cela les condamnent à mort. Faisant faire un écart à ma monturet pour éviter un trou à moitié dissimulé dans le chemin que nous parcourions , j'observai un court instant les lieux pour définir quel serait la meilleure route et surtout comment dissimuler nos traces. Un petit bosquet semblait être le meilleure solution car même mon cheval aurait du mal à s'y glisser librement alors une compagnie entière de chevaliers n'en parlons pas !


Après avoir monté un campement sommaire au milieu des arbres qui nous protégeaient du vent et nous dissimulaient aux regards tant bien que mal, je discutai un peu avec l'évadé. J'appris rapidement que son nom était Himeros Karuza, un nom bien poétique et qui sonnait bien par rapport à mon propre patronyme plein de froideur et d’agressivité. Je lui offris ensuite le reste de mes provisions bien maigre constituées de thé, de biscuits aux céréales ainsi que quelques pommes. Ce n'était pas grand chose pour le possible dernier repas d'un condamné mais c'était tout ce qu'il me restais depuis ma dernière soirée de beuverie. Malgré cela, je vis dans les yeux de mon interlocuteur une certaine malice et aussi... Une grande avidité, non de pouvoir mais tout simplement de vie comme si il retrouvait les joies du grand air après plusieurs années d'isolement. Il me confirma ensuite mes doutes sur son statut : il était un mage en fuite et un apostat selon les critères étriqués des templiers... Je faillis lui dire ne pleine face que je m'en moquais éperdument de qui il était réellement : il pouvait être l'impératrice d'Orlaîs que j'en aurais rit. Mais au moins, l'explication abrégée sur son évasion me donnai envie de rire et quand je ne puis plus m'en emécher, j'éclatai de rire avant de dire :

- Une explosion ? T'y vas pas de main morte mon gars, je parie que Gregor en a chié des boucliers et qu'Irving en a perdu sa barbe ! Je ne connais rien de la vie du cercle mais je suis sûr que ton évasion va faire jaser les initiés pendant des mois. En tous cas... Laisse moi te souhaiter la bienvenue en Férélden mon jeune garçon !


L’intéressé n'en fit rien et laissa un court silence s'installer avant de me faire une promesse que je n'avais que trop entendu : celle de payer ce qu'il me devait. Mais que me devait exactement le magicien en fuite ? De l'or ? Sa vie ? Rien du tout en réalité, pas un pet de lapin : sans mon intervention, ça fuite aurait de toute façon réussie mais avec plus d'imprévue et peut-être du sang versé mais il me semblait assez débrouillard et vicelard pour s'en sortir face à ces ramollis de l'ordre. Secouant la tête après encore quelques secondes de silence, je dis d'une voix étonnamment sereine comme si je voulais donner un côté solennel à mes propos :

- Tu ne me dois rien magicien car je ne fais que ce que les gardes des ombres sont sensés faire et que ce que j'ai vu en te voyant la première fois : un jeune homme terrifié et poursuivit par une ordre d'ivrognes ainsi que quelques chasseurs de sorcières trop zélés. Le fait qu'ils te chassent pour une ''bonne raison'', je m'en cure l'oreille avec une babouche ! J'ai donc appliqué la règles des gardes : protéger les citoyens de Férelden...

Je me tus ensuite en voyant le visage un peu fatigué de Himeros et me racla la gorge pour attirer son attention :

- Tu vas passer quelques heures ici, dors, je te réveillerais à un moment. Quand tu seras prêt, dirige toi vers le nord ou le nord-est tu y trouveras sans doute un village ou deux sur ta route. Prends aussi ces quelques pièces je n'en ai pas vraiment besoin alors que toi si... Et n'oublie pas, ne dis sous aucune prétexte que tu es mage ou qu'un garde des ombres t'as aidé... On a déjà assez de problèmes avec ces abrutis de chasseurs de mages pour en ajouter. Mais je parle trop, dors...

Lui étendant une paillasse après m'être assuré qu'il prenait les pièces d'argent, je m’assis dos à un arbre et dégainai mon énorme hache de combat à double tranchant pour la nettoyer et l'aiguiser du mieux que je le pouvais... Encore une nuit blanche à faire le rôle de guet.

"Une explosion ? T'y vas pas de main morte mon gars, je parie que Gregor en a chié des boucliers et qu'Irving en a perdu sa barbe ! Je ne connais rien de la vie du cercle mais je suis sûr que ton évasion va faire jaser les initiés pendant des mois. En tous cas... Laisse moi te souhaiter la bienvenue en Férélden mon jeune garçon !" fut la première réaction du cavalier. Le garçon fut surpris d'entendre de tels tournures de phrase, certaines lui étaient familières et il savait que c'était impoli mais étrangement cela le fit sourire...

Le garde répondit ensuite à sa promesse de manière sincère qu'il avait simplement son travail et que le mage ne lui devait rien, il existait donc une milice aidant les mages..? Ou juste un ordre chargé d'aider toute personne en danger. C'était une idée pleine de justice, et cela redonna du baume au cœur du garçon de savoir que même sans être mage on pouvait être bon.

Le regard toujours dirigé vers les flammes, il sentit ses yeux le piquer comme quand il restait trop longtemps à lire le soir et il sut que maintenant il lui serait impossible de reprendre sa folle course, ce serait presque du suicide étant donné qu'il faisait nuit et qu'il ne savait même pas où il se trouvait. Qu'allait-il faire...

Un bruit étrange lui fit lever la tête en direction d'Isaac, ce dernier s'était juste raclé la gorge:
"Tu vas passer quelques heures ici, dors, je te réveillerais à un moment. Quand tu seras prêt, dirige toi vers le nord ou le nord-est tu y trouveras sans doute un village ou deux sur ta route. Prends aussi ces quelques pièces je n'en ai pas vraiment besoin alors que toi si... Et n'oublie pas, ne dis sous aucune prétexte que tu es mage ou qu'un garde des ombres t'as aidé... On a déjà assez de problèmes avec ces abrutis de chasseurs de mages pour en ajouter. Mais je parle trop, dors..."

C'était comme si l'homme lisait dans ses pensées, il lui tendit des pièces qu'Himeros récupéra, interloqué, puis il étendit un semblant de lit sur le sol, du moins le jeune mage pensait que ce devait être la fonction principale de cette sorte de sac rembourré... Puis son sauveur alla se mettre dos à un grand arbre qui ressemblait étrangement à un énorme monstre sous le ciel encré de noir; les étoiles étaient invisibles aux yeux du jeune homme, cachées sous le toit naturel formé par les branchages. L'homme en armure sortit alors une hache que le garçon n'avait pas encore remarqué à cause des évènements qui s'étaient déroulés si vite mais aussi de l'obscurité, et la posa à coté de lui, allait-il dormir ainsi?

Le feu toujours allumé offrait une chaleur apaisante au garçon qui se laissa tenter par l'offre du garde. Il s'allongea sur le lit de fortune qui se révéla bien confortable aussi surprenant que cela pouvait paraitre!

"Merci..." murmura Himeros épuisé, oubliant même de vérifier si l'homme l'avait entendu et il sombra peu à peu dans un sommeil lourd et sans rêves.
Il savait que jamais il ne pourrait oublier cette première nuit hors de la tour, ni cet Isaac aussi effrayant qu'il puisse sembler au premier abord, il devrait rembourser sa dette, quoi que cela lui en coûte il retrouverai l'homme à l'armure et s’acquitterait de son devoir.

Il ne sut pas combien de temps il avait put dormir, mais sortant de sa profonde somnolence, il se sentit pâteux et avait un goût écœurant dans sa bouche qui devait être dû aux cendres éparpillées par le vent dans la nuit. Le garçon se retourna et poussa un cri en voyant une bête colossale faite entièrement de métal près de lui! Il sauta sur ses pieds et recula de quelques pas, il crut que son cerveau allait exploser car le sang afflua d'un coup à l'intérieur provoquant un horrible douleur. La lumière du soleil bien que faible y mit du sien pour empirer la situation et, prise d'une soudaine folie meurtrière, alla poignarder la rétine affolée du mage qui trébucha sur une racine et s'écroula de tout son long. Croyant se faire attaquer de tous cotés par une volonté mystérieuse le garçon ne put s’empêcher de chercher à se défendre en envoyant valdinguer des flammes un peu partout à l'aveuglette manquant de démarrer un incendie.

Dès qu'il se remit de sa dignité perdue à jamais, il sauta d'une pirouette sur ses pieds et se mit en garde quelques feuilles dans les cheveux et fut surpris de voir qu'il portait une tenue différente de sa robe habituelle et que le monstre en question n'était qu'un homme en armure... C'est là que les souvenirs de la veille ressurgirent et que le peu de sérieux qu'il pouvait encore inspirer s'était envolé, du moins pour Isaac.
Heureusement les flammes créées avaient été envoyées vers le plafond verdoyant et il n'y avait aucun dégât matériel.

Gêné au plus haut point, Himeros regarda son sauveur d'un air ahuri.


"Je...je suis désolé!" balbutia-t-il.

Celui-ci regarda autour de lui, rien n'avait changé, le cheval gris broutait sagement dans son coin, n'ayant même pas prêté attention à la scène qui s'était déroulée.
Le maladroit ne sut que faire à ce moment là, il ne savait même pas où se mettre ni comment se donner une contenance.

Il passa une main dans ses cheveux et secouant la tête il s'enfuit en courant, ayant repris des forces il n'avais aucun mal à demander à son corps de le porter au loin.
C'était malpoli de se comporter ainsi, même injuste, envers son nouvel ami qui l'avait ainsi sauvé des griffes des Templiers mais son esprit était trop secoué pour réfléchir logiquement, et il chercha à courir vers cette ville du nord, ne se rendant pas compte qu'il courait vers l'est.

Il se promit alors qu'il retrouverai cet homme et lui rendrai ses services avec toute la fougue qu'il pouvait posséder. Pour l'heure il devait se trouver un nouvel abri, loin des Templiers et loin de cette situation honteuse.

Une brise lui caressa le visage dans sa course et il en sourit, ravi, oubliant tout ce qu'il avait vécu depuis le jour de sa naissance, ne pensant qu'à la liberté u moment présent.

Cela faisait longtemps que je n'avais plus eu de mage pour ''compagnon'' même de duré provisoire. La dernière fois, ça avait été à mes tout débuts de gardes au moment de la bataille d'Osthagar et je ne m'en étais plus approché depuis : peur, désintérêt, choix incompréhensible ou simple concourt de circonstances ? Peuh ! Tu ne t'es jamais entendu qu'avec l'acier Isaac car tu trouvais la magie trop compliquée et pleine de fourberies bien dissimulées ! Enfin, comme je l'ai souligné plus tôt, ils ont le droit de vivres ces zigotos là. Mais comme tout homme, même un aussi particulier qu'un sorcier du cercle, le jeune garçon semblait avoir besoin d'un peu de sommeil c'était évident. Après un autre commentaire et un petit échange de menue monnaie, le garçon accepta de se coucher, je ne lui chanta pas de berceuse ni le borda mais bon au moins la fatigue étant bien présente en lui il ne fit pas d'histoire et s'allongea dans le petit sac de couchage que je lui avait prêté. Posant mes yeux sombre sur la pièce de couchage, je souris en me remémorant le nombre de nuits que je n'avais pas passé dedans en observant la lune et les étoiles. La plupart des nuits, je dormais comme une marmotte sauf certaines fois où les cauchemars me tiraient en sueur de ma couche. Ces nuits la, le seul réconfort que je pouvais trouver venait de l'entretien de mon arme de guerre de taille ma foi bien impressionnante. Je refis de même cette fois mais pas par peur, c'était juste qu'il y avait un petit chiot égaré emmitouflé dans mon sac de couchage cette fois ! Aiguiser ma lame ne dura pas longtemps alors je changeai d'idée pour plutôt surveiller le jeune Himeros qui remuait dans son sommeil. La nuit se faisant plus noir, je redoubla de prudence et balayais notre cachette des yeux à chaque bruit suspect ou bruissement de feuilles. Une petite patrouille de chevaliers passa à un instant si près de notre cachette que je me dis que j'allais devoir croiser le fer avec des autres êtres humains mais ils ne virent pas nos traces ni ne s’intéressèrent au feu avant de partir. Ils devaient êtres sacrément pressés et je ne leur en voulus pas du tout ! Le reste de la nuit sans sommeil ne fut pas dérangée par autre chose que par un blaireau qui passa sa tête entre deux buissons mais déguerpis dés que ses yeux brillants se posèrent sur mon armure noire.



Le lendemain, j'eu droit à la surprise de ma vie : le jeune garçon semblait être devenu fou et balançait des boules de feu tout azimuts ! Une vrai forge gobeline ! Le festival de sons et lumières risquait fort bien d'attirer tous les templiers du coins alors je me décidais à charger en rugissant pour perturber le lanceur de sort quand ce dernier se vianda en beauté sur une racine. Je faillis rire pour parachever la totale honte de l'excité des flammes mais me retins de justesse. Se redressant, le jeune Himeros s'excusa du désordre causé d'une voix faible semblable à celle d'un moineau puis couru sans prévenir... Dans la direction opposée à celle que j'avais indiquée hier ! . Secouant la tête, je repris mes affaires que j'emballai en hâte pour repartir d'où j'étais venu... J'en avais soupé des mages moi ! Je ne jeta même pas un regard en arrière avant de regagner une route plus fréquentée où je croisai une patrouille d’hommes en armures saintes qui me saluèrent toujours avec le même salut mi respectueux mi irrité qui leurs semblaient propres à ces zouaves. J'étouffa un sourire moqueur à leur attention et fit passer mon cheval au galop vers la prochaine destination encore inconnue.



HJ : c'est extrémement court mais c'est pour clôturer ce rp !