Ta foi était grande mais tu avais besoin d'une preuve.

« Nous nous tenons sur le précipice du changement. Le monde craint l'inévitable descente vers les abysses. Attend cet instant et quand le moment arrive, n'hésite pas à plonger. »

Destaël, c'est un nom qui par sa sonorité rappelle le destin. Sans doute les parents de la demoiselle n'avaient-ils pas fait le rapprochement lors de la naissance de leur première et dernière fille, mais avec un prénom pareil, l'intéressée se crut toujours destinée à de grandes choses. Quelle ne fut sa déception de se retrouver dans un milieu marchéen pitoyablement modeste quand elle rêvait de devenir la noble la plus influente de la cour du Comte ou l'assassin la plus redoutée des bas-fonds de la cité. Ni riche, ni pauvre, les Lapartiath vivaient dans les quartiers simples de Kirkwall, gagnant de quoi manger à leur faim grâce à l'échoppe tenue par le paternel dans les beaux quartiers. Quand certains disaient que le couple était béni par le Créateur pour être aussi fertile, Destaël haussait les épaules et répondait qu'il ne s'agissait là que de la conséquence naturelle d'un... amour répété et débordant pour le résumer poliment. Copulation régulière oblige, Destaël était la cinquième de la famille et, par la soi-disante grâce d'Andraste, se vit attribuée non pas un, deux ou trois mais six petits frères. Le ventre de sa mère était un prodige qui s'arrondissait régulièrement aux mêmes mois de l'année et donnait naissance aux mêmes petits bambins de sexe masculin qui, par chance, étaient souvent en excellente santé et survivaient aux premières années. Personne ne comprit jamais pourquoi sur la quinzaine d'enfants qui naquirent des ébats du couple de marchands il n'y eut qu'une seule et unique fille. Quoiqu'il en fut, la naissance d'une donzelle fut perçue comme un cadeau du Créateur et Destaël devint inévitablement la préférée de la famille.
Cela ne suffisait pas à la petite qui, plutôt que d'aider la mère au ventre rond à s'occuper de la marmaille de garçons qui s'agrandissait presque tous les ans, aspirait à autre chose que de finir épouse de marchande et femme au foyer. Changer les couches de ses innombrables frères lui fit définitivement passer l'envie de devenir la boniche d'un mari, aussi riche et puissant soit-il et le « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants » perdit très vite de son charme en observant le quotidien de ses parents. Oh biensûr, personne n'était malheureux dans la maison, les affaires marchaient bien, les géniteurs s'aimaient (trop au goût de la fillette m'enfin il n'y avait rien qu'elle puisse y faire) et la majorité des enfants restaient en bonne santé, peu d'entre eux ne succombant à la maladie. Que demander de plus ? Hé bien que diable ! Du sang, de l'or, des monstres, des quêtes périlleuses, de l'orphelin à défendre et de la veuve à protéger, par Andraste ! Heureusement, vivre dans un milieu exclusivement masculin n'était pas sans rebondissements. Ainsi, Destaël avait tout le loisir de s'inventer des aventures homériques et de combattre des chimères imaginaires en compagnie de ses frérots. Quand sa mère ne lui faisait pas les gros yeux pour qu'elle vienne l'aider à préparer le repas du soir ou à recoudre un pantalon, Destaël se battait comme une chiffonnière avec grands comme petits frères, mordant et faisant mordre la poussière à tout ce bataillon de garçons. Elle développa ainsi très vite, une prédisposition naturelle pour la bagarre et c'était en faisant la sourde oreille aux protestations de sa mère et aux rires de son père qu'elle partait flâner dans les rues avec la bande pour trouver quelque activité palpitante à exécuter.

Loin de l'Enclin, Kirkwall ne fut atteinte par les attaques des engeances que par l'arrivée massive de Féreldiens fuyant la horde. Ce fut avec une certaine fascination qu'elle écoutât le récit chevaleresque du roi de Ferelden sauvant son pays avec grand courage. Le temps avait passé et le garnement féminin des Lapartiath se transformait peu à peu en une adolescente au minois qui faisait l'émerveillement et la fierté de la mère qui avec l'âge, ne pondait presque plus de gamins, d'autant plus que les derniers nés avaient succombé aux maladies apportées par les Féreldiens. La vie s'annonçait pourtant plus ennuyeuse, les plus grands de la famille atteignant peu à peu la majorité et partant vivre leur vie ailleurs. Le premier était parti à la rencontre des gardes des ombres dans l'espoir de s'y enrôler, le deuxième s'était engagé dans l'expéditions organisée par un nain dans les tréfonds, le troisième s'apprêtait à prendre le large et le quatrième, le préféré de Destaël, aspirait à rejoindre l'ordre des Templiers. De son côté, la fille des Lapartiath semblait être destinée à un futur bien moins glorieux, sa mère rêvant de lui trouver un mari gentil et convenable et son père préférant l'offrir aux monastères de la Chantrie plutôt qu'aux bras d'un homme. Dans les deux cas, l'intéressée avait envie de vomir à la perspective de ces deux avenirs dénués de péripéties. Ainsi donc, elle restait en compagnie du quatrième fils de la famille qui lui décrivait avec des étoiles dans les yeux combien le métier de Templier était honorable et passionnant. À force d'entendre le frérot psalmodier toutes les vertus et les bienfaits du parfait templier, elle se prit elle-même à songer à s'engager dans l'Ordre. Bien entendu, quand elle fit part de cette suggestion aux parents, ceux-ci s'indignèrent bruyamment : Destaël, l'unique fille, le joyau de la famille prendre les armes et chasser le maléficient au péril de sa petite vie ? Jamais ! Quand la mère raillait en rappelant l'impossibilité imposée aux templiers de sa marier, le père était effrayé à la pensée même d'imaginer sa délicate fille en barbare en armure qui tranchait des têtes de mages et étripait des abominations. Et Destaël avait beau railler plus fort que sa mère - art qu'elle lui avait transmis et qu'elle avait repris avec beaucoup de talent - en arguant qu'elle ne voulait ni devenir une poule pondeuse d'enfants, ni une soeur ennuyeuse à mourir rien ne semblait pouvoir changer l'opinion des géniteurs. Alors la petite boudait et repartait jouer les soldats en compagnie des frères restants, apprenant aux plus jeunes à tenir un bâton et à taper avec et pestant contre les plus vieux en clamant qu'on ne frappait pas une fille pour mieux les faire rouler dans la boue quand ils avaient le dos tourné.
Mais même à l'âge de 13 ans, Destaël avait déjà oublié pas la signification du verbe « renoncer » et ce n'était pas l'opinion parentale qui allait lui faire changer d'avis, loin de là. Au contraire, un événement importun la résolut encore plus dans sa conviction de devenir templier.

Un soir, lors d'une escapade nocturne de Mabari perché, la demoiselle jugea malin de se perdre dans les ruelles qui menaient aux bas fonds de Kirkwall. Quel ne fut son effroi de tomber sur un groupe d'esclavagistes tévintides qui crurent bon de grossir un peu leur marchandise avec cette ravissante mouflette qui promettait devenir une superbe jeune femme par la suite.

- Hé petite t'es perdue ?
- Non, Monsieur. Ne voyez-vous pas que je suis en train de me promener à la recherche de fleurs ? Cela me semblait pourtant évident. C'est ceci dit fort dommage, je ne tombe que sur des crétins.

La rhétorique étant déjà une qualité évidente de la gamine, la suite de l'histoire fut fort prévisible et se déroula en course-poursuite au coeur des quartiers malfamés de la ville. Alors que Destaël cavalait du mieux qu'elle le pouvait, elle ne put s'empêcher de sauter à pied joints dans un grand cercle émanant une douce lueur verte et constata, à sa grande surprise, que ses jambes avaient arrêté de lui obéir. En fait par un étrange tour de magie, son corps entier s'était raidi, ne lui laissant pas le loisir de s'égosiller comme un cochard qu'on égorge dans le but de dissuader cette bande de malotrus qui ne lui voulait définitivement pas du bien de s'approcher d'elle. Avec autant d'horreur et de dégoût, elle sentit les mains de l'un des grossiers personnages agripper sa taille pour la soulever du sol comme un vulgaire sac à patates tandis que le reste de la bande félicitait un curieux bonhomme vêtu d'une robe et portant un grand bâton. Nonobstant sa fâcheuse situation, la petite se dit qu'il était bien ridicule avec sa robe. Elle se rendit cependant compte que le moment n'était pas aux rires et qu'elle était dans de beaux draps : manifestement seul un miracle pourrait la tirer de ce mauvais pas. Elle se mit alors à prier très fort le Créateur pour qu'il fasse tomber la foudre sur ce groupe de rustres, mais ce ne fut pas le Créateur qui intervint mais un preux et vaillant gentilhomme dont l'armure scintillait à la lueur de la lune. Ou du moins c'est ainsi qu'elle s'en souvient. Vous voyez, l'imagination des petites filles est débordante et il se peut que la réalité soit un tantinet exagéré. Quoiqu'il en soit, il s'ensuivit un terrible combat où les lames s'entrechoquèrent et le sang et les tripes coulèrent à flot. Jetée négligemment sur le sol, Destaël cogna sa petite tête sur le mur d'une des maisons crasseuses et tout se mélangea très rapidement dans son crâne. Pas d'inquiétudes, elle s'est très bien représentée toute seule la suite du récit. Ainsi, elle est convaincue d'avoir vu le preux templier donner un grand coup de bouclier dans la figure d'un des tévintides avant de plonger sa lame dans le buste de celui-ci pour la retirer dans un magnifique jet carmin. Faisant fi des esclavagistes qui avaient commencé à prendre la fuite, il se dirigea vers le mage clandestin prêt à le trainer par les cheveux dans le cercle s'il le fallait. Ce fut alors que des grandes flammes jaillirent des mains du magicien renversant le templier dont le casque tomba, découvrant une magnifique chevelure cristalline ornant une figure dont la partie gauche était recouvert d'une immonde cicatrice de brulure que le feu illuminait de façon presque allégorique. Reflétant l'attaque à l'aide de son bouclier, le guerrier n'en décousit pas et bondit sur le mage pour le décapiter d'un geste propre et net. La tête barbue du tévintide se détacha avec une aisance fascinante du tronc de son propriétaire et roula sur le sol à quelques centimètres du visage de Destaël qui observa la dernière expression de surprise et de terreur qui s'était dessinée sur l'affreux faciès de l'apostat. Loin d'être écoeurée devant cette scène de boucherie, la mouflette fut émerveillée par ce spectacle sanglant et avait les yeux grands écarquillés, non pas de terreur ou de dégoût mais d'admiration et d'enthousiasme devant cet héroïque sauvetage. Alors que ses muscles se détendaient peu à peu, la magie du sortilège se dissipant, le templier lui tendit un gantelet dégoulinant de sang que la gamine attrapa sans aucune gêne pour se relever. Elle n'eut pas le loisir d'observer le visage de son héros que celui-ci remettait son casque en se proposant de la raccompagner chez elle. S'accrochant au bras de son nouveau Prince Charmant attitré, c'est ainsi que Destaël rentra au bercail, les souliers et la figure couverts de sang et de boue et arborant un sourire absolument radieux. Après cet épisode, elle était maintenant fermement résolue à devenir elle-même templier parce que décapiter des tévintides apostats ça avait l'air fortement amusant.

Les choses prirent une tournure drastique deux années plus tard, le matin où un bouquet de lys blanches fut déposé sur le seuil de la porte de la maisonnée. Le père crut d'abord qu'il s'agissait là d'un courtisan bien culotté qui faisait déjà des avances à sa fille et la menaça fermement de l'enfermer dans un couvent s'il lui découvrait un quelconque amant, accusations auxquelles Destaël répondit vigoureusement, l'adolescente n'ayant jamais accepté les avances de quiconque et ayant de plus secrètement juré de garder sa vertu pour le templier au visage balafré - hormones féminines obligent, elle avait développé une légère obsession pour ce preux chevalier sorti de nulle part qui lui avait évité un sympathique voyage vers l'Empire Tévintide. Ceci dit, les soupçons du paternel furent bien vite balayés quand son épouse disparut quelques jours plus tard.
L'ambiance au sein du foyer changea radicalement. Pour la première fois, les sorties furent contrôlées et Destaël se retrouva collée aux fourneaux pendant que les frères les plus âgés qui n'avaient pas quitté la maison sillonnaient la ville en quête de leur mère. Il fut découvert deux mois plus tard qu'il s'agissait de l'oeuvre morbide d'un apostat et le corps de l'épouse Lapartiath ne fut retrouvé qu'en plusieurs morceaux soigneusement découpés dont certains organes vitaux étaient manquants. La dépouille était si atrocement mutilée qu'il fut impossible d'en réunir tous les morceaux et on dut célébrer les funérailles de Camilla Lapartiath avec un cercueil vide tant la puanteur qui se dégageait des restes de la défunte était insupportable. Ce ne fut qu'un an après la disparition de sa tant aimée épouse que le père de Destaël eut le courage de lui expliquer pourquoi la carcasse de sa mère avait été si allègrement profanée. On lui parla de rituel et de nécromancie, d'une tentative de reconstituer une femme morte et bien que le coeur de Destaël était peu sensible aux horreurs que la vie pouvait bien lui présenter, il se tordit de douleur à l'idée que sa mère ait pu être impliquée dans une telle expérience. Il s'en découla naturellement une haine et une méfiance approfondies envers la magie. Bien que la gamine n'ait jamais manifesté de sentiments particuliers envers sa génitrice, sinon une profonde pitié pour tous les enfants qu'elle avait pu engendrer, il était extrêmement contrariant de se voir retirer une mère à l'âge de 15 ans. Elle en maudit mille fois le Créateur d'avoir autorisé qu'une telle abomination ait pu être infligée à l'égard d'une femme aussi honorable et dévouée qu'avait été sa mère, une fidèle andrastienne qui donnait chaque mois aux soeurs comme aux Féreldens les plus démunis.
Suite à cet événement, le quatrième fils Lapartiath partit réaliser son plus grand rêve et s'engagea dans l'ordre des templiers. L'entrainement était dur mais il était nécessaire et au travers des nombreuses lettres qu'il écrivit à sa soeur, elle comprit qu'il était heureux malgré tout.
Ainsi donc, après deux ans à servir de bonne à la maison en l'absence de sa mère, elle pressa énergiquement son père d'accepter sa demande de s'enrôler à son tour dans l'ordre des templiers. D'abord très réticent, le géniteur finit par céder sous les assauts verbaux répétés de sa môme, d'autant plus que sa santé déclinait au fil des mois.

Ce fut avec une fierté non contenue que Destaël revêtit l'uniforme des nouvelles recrues des templiers et rejoignit son frère que l'entrainement avait bien fait changer. Le garçon était devenu plus sombre, plus grave, plus sérieux.
La formation était en effet ardue et laissait peu de répit à la jeune femme mais celle-ci était bien déterminée à rattraper l'avance de deux années qu'avait son frère et ne compta plus les heures de pratique, donnant tout ce qu'elle pouvait si bien qu'elle rentrait tous les soirs dans les dortoirs les bras et les jambes engourdis par la fatigue et les courbatures. Pour la première fois Destaël apprit à tenir une épée, à courir dans les plaines jalonnant Kirkwall vêtue d'une armure lourde et à parer coups et sortilèges à l'aide d'un bouclier. En revanche, si l'entrainement physique ne la rebutait pas, elle développa un certain scepticisme à l'égard des sacrements de la Chantrie comme si le meurtre brutal de sa mère avait éveillé en elle une haine âcre envers le Créateur et Andraste. Les prières quotidiennes devinrent au final plus exténuantes que les séances de corps-à-corps. Cependant, si Destaël ne retrouva jamais le templier balafré qui lui avait sauvé la vie quelques années auparavant elle se découvrit une profonde admiration envers le Chevalier Capitaine Meredith, une femme qui exerçait son autorité sur l'Ordre, le Cercle et même toute la ville avec une poigne de fer et qui ne reculait devant rien ni personne. Son influence et sa puissance étaient telles qu'elle devint tout ce que Destaël aspirait à être : une femme de pouvoir, dure, crainte et respectée.

Peu après son entrée dans l'Ordre, Kirkwall fut secouée par une attaque Qunari qui déchira la ville. Lors de l'assaut le Comte fut décapité par l'Arishok qui fut lui-même exécuté par un Féreldien, un exploit qui lui valut le titre de Héraut de Kirkwall. La cité fut ravagée et les têtes de nombre de Qunaris et de gardes décorèrent le marbre de la ville.
Par le fruit du hasard, Destaël croisa pour la première fois depuis son départ son frère ainé en compagnie d'une escouade de Gardes des Ombres mais ce dernier ne lui laissa pas le loisir de se réjouir de son apparente réussite qu'il disparut au détroit d'une ruelle avec ses frères d'armes sans même s'arrêter pour la saluer. Si les circonstances n'avaient pas été aussi alarmantes, Destaël aurait sûrement longuement pesté contre le comportement grossier de son ainé. Ceci dit, alors qu'elle se hâtait avec une escouade de jeunes recrues menée par son quatrième frère qui venait tout juste d'être promu templier, ils furent embusqués par un groupe d'elfes ayant prêté serment au Qun accompagné d'un Saarebas. Le combat se transforma rapidement en une boucherie en faveur des Qunaris dont le Saarebas faisait brûler vivants les jeunes templiers. Dans un remarquable élan de bravoure - ou de stupidité -, le frère de Destaël se jeta sur le magicien Qunari. Son épée plongea dans la poitrine du monstre mais ce dernier saisit son propriétaire à la force même de ses bras et l'immola littéralement dans un brasier de sang et de flammes. Les cris d'agonie du jeune homme résonnèrent dans le quartier, surpassant presque le bruit de la bataille qui faisait rage et tandis que Destaël éventrait une elfe armée de dagues, elle fut parcourut d'un frisson en entendant les hurlements effroyables de son frère. Laissant les tripes de l'elfe se déverser sur le sol, elle fonça rejoindre la dépouille ensanglantée de son bien aimé camarade. Le macchabé était encore brûlant et son visage était complètement carbonisé à un point tel qu'en retournant le cadavre, elle se brûla grièvement les mains sur l'armure brûlante de celui-ci. Des sortes de cloques infâmes se formaient et explosaient sur la peau du mort dont le corps semblaient toujours en plein processus de carbonisation. Les larmes qui se mirent alors à couler sur les joues de la blonde n'étaient pas des larmes de douleur mais de colère et la chaleur qui lui rongeait les paumes se propagea rapidement dans tout son corps, sa poitrine embrasée par une rage sourde. Destaël voulait hurler devant ce bout de chair brûlé qui représentait son frère, comme si le simple son de sa voix aurait suffi à déverser cette fureur bouillonnante qui lui empoisonnait les veines. Sans réfléchir, les yeux pleins de larmes et de cendres, elle se jeta sur le Saarebas à mains nues et, ses pieds contre le buste de celui-ci, enfonça de tout son poids la lame de son frère plus profond à travers les habits du Qunari jusqu'à en entendre la chair se déchirer et les os se fendre sous le passage de l'acier. Le monstre tomba à la reverse sur le dos en projetant des éclairs avec ses doigts crochus, qui, par chance ne firent qu'effleurer la nuque de la jeune femme. Se positionnant à califourchon sur l'assassin, ses mains qui n'avaient pas la force de retirer l'épée enfoncée dans les cotes du monstre se mirent à la recherche d'un quelconque objet qui puisse achever son adversaire et tombèrent sur le bouclier de son frère. Brandissant le pavois à deux mains, elle le souleva au dessus de sa tête et l'abattit à plusieurs reprises de toutes ses forces sur la gorge du Saarebas, tranchant muscles, chair et ligaments. Nonobstant les giclées de sang et les grognements effroyables du monstre, elle frappa plusieurs fois, haletante, jusqu'à ce que le cou ne finisse par faire mine de se rompre. Saisissant alors la bête par les cornes semi-coupées qui ornaient son crâne elle entreprit de tirer en poussant un rugissement rauque. Puis enfin, la tête finit par se détacher totalement, emportant avec elle un bout de la colonne vertébrale et quelques nerfs mal coupés. À bout de souffle, elle finit par enfin se relever, l'estomac toujours tordu de chagrin et de rage et rassembla les quelques survivants qui venaient de finir d'en découdre avec les elfes avant de reprendre la route vers les quartiers des templiers.

Une fois l'orage passé et les rues lavées, certaines personnes se mirent à clamer l'exploit de Destaël qui avait - selon les dires - abattu à mains nues un Saarebas, ses forces décuplées par la colère. Fruit de la chance ou du destin, personne ne le savait, cette performance - bien qu'exagérément conté - lui valut d'attirer l'attention du second du Chevalier Capitaine qui la félicita personnellement pour cette prouesse tout en lui adressant ses condoléances quant au décès de son frère. Curieusement Destaël, d'ordinaire bien vantarde et orgueilleuse, ne considéra jamais ce fait qui lui avait couté la vie d'un proche comme une prouesse et ne se délecta pas des louanges qu'on put bien lui faire. Les compliments de ses confrères avaient en réalité un goût amer dans le coin de sa bouche et rien, rien qu'elle eut put faire ne pouvait ramener son frère favori à la vie. Elle en maudit à nouveau mille fois le Créateur pour lui avoir retiré un garçon qui s'apprêtait à consacrer sa vie à ses services. Il était en effet facile de focaliser la rancoeur et la douleur provoquée par la perte d'un être aimé sur le compte d'une entité divine et muette.

Deux ans après l'attaque Qunari, il fut décidé que Destaël Franz Lapartiath serait mutée en Férelden. En effet, on crut lui faire une faveur en la transférant sous les ordres du Chevalier Capitaine Greagor, les gens proclamant que Meredith commençait à perdre la tête et la demoiselle se faisant et l'Ordre des Templiers demandant de nouvelles recrues sous les rumeurs grandissantes d'un nouveau complot au sein du Cercle.
Quand le Chevalier Capitaine Greagor vit la description que lui avait transmise le Commandant Cullen de la recrue Lapartiath il haussa un sourcil, confus. Il n'était pas courant en Férelden de recevoir des apprentis de sexe féminin et le quarantenaire jugea avec raison que placer une jeune et ravissante apprentie seule au milieu d'un bataillon de jeunes hommes plein de fougue vivant dans un recoin les plus reculés du pays ne serait favorable à aucune des deux parties, un templier se devant avant tout de mener une vie chaste et vertueuse à l'abri des tentations, y compris charnelles. Il fut ainsi décidé que Destaël serait placée aux soins des templiers protégeant le Cercle afin de complèter sa formation.

Cet honneur fut reçu avec grande joie par la demoiselle qui voyait là une excellente occasion de quitter la ville et de parcourir le monde en quête d'aventures. Nonobstant les protestations de son père, désormais alité par la vieillesse et la maladie, elle fit ses bagages et partit découvrir Férelden.
Ce fut sans grand plaisir qu'elle découvrit les contrées ternes et sentant le chien mouillé de Férelden ainsi que le machisme flagrant qui régnait au sein du pays. Elle fut surprise de constater qu'on accordait beaucoup de libertés aux mages de Férelden et que les templiers étaient bien moins rudes dans cette partie de Thedas que dans Kirkwall. Qu'à cela ne tienne, Destaël vivait maintenant au sein du quartier des templiers dans la Grande Tour du Lac Calenhad et ce changement de paysage avait presque réussi à lui faire oublier le décès de son frère. Seule apprentie templier de la Tour et d'ailleurs, seul individu féminin de l'Ordre en Férelden - du moins pour le moment car elle n'avait jamais rencontré d'autres femmes -, Destaël se surprit à bien se plaire au milieu des mages et des templiers, accomplissant petites corvées imposées par ses supérieurs templiers tout en terminant son entrainement.
Désormais considérée comme une sorte de petite mascotte au sein de l'Ordre, elle s'y est remarquablement vite faite sa place et si certains la trouvent insupportable par son énergie débordante et ses persistantes railleries, d'autres la trouvent attachante avec ses mimiques de fausse gamine et sa ruse à toutes épreuves.

Il était un petit kermit dans la savane...

Hell yeah.

JE TE VOIS ! (Ah bon ? ._.) Comment ça va ? : Tel un gnuf. Tu es sûr(e) ? : Oui, Capitaine ! Bon bon, si tu le dis. Et tu as autre chose à dire, d'ailleurs ? DOVAKHIIN ! DOVAKHIIN ! DOVAKHIIN ! *saute d'un immeuble* Comment es-tu arrivé(e) parmi nous ? Andraste m'est apparue en rêve avec l'adresse forum *INCEPTION* (top-sites) Si je te dis... Rouge, tu réponds ? ... MAGE DE SANG ! APOOOOOSTAAAAAAT ! Et violet ? Au bûcheeeeeeeeer ! Bon, j'arrête de t'embêter... Ou pas ! C'est un code de validation dans le réglement que j'ai loupé, hein ? hein ? o__o *court relire* Ah non. Mais si, bienvenue et bon jeu !